Certains doutent que l’UE puisse atteindre son ambition de 25 % d’agriculture bio d’ici 2030. Bien que la demande soit là, beaucoup d’agriculteurs sont menottés à d’énormes prêts et à un système qui promeut l’externalisation. Mais d’après Volkert Engelsman, PDG d’Eosta, un vrai changement peut être accompli avec des signaux fiscaux forts. Le commissaire européen Frans Timmermans a récemment déclaré que des institutions financières (comme Rabobank) devront annuler leurs investissements dans l’agriculture intensive, car ce sont principalement des actifs échoués. Grâce à des mesures fiscales et des annulations, cela est possible. Le contraire ne nous est pas permis.
25% de bio en 2030, ce sera un défi. Pour des pays comme l’Autriche ou la Suède, l’objectif est facile à atteindre, mais dans la plupart de l’UE, cela semble très lointain. Aux Pays-Bas, l’un des plus gros exportateurs agricoles du monde, moins de 4% de la surface agricole est aujourd’hui en bio. Et la Politique Agricole Commune (PAC) européenne, qui régule la distribution de milliards en subventions, a tristement échoué à adopter tout changement significatif en 2020.
Si les agriculteurs ne sont pas récompensés pour leurs services verts, comment peuvent-ils devenir écologiques ? Beaucoup de fermiers sont fortement dans le rouge. Frans Timmermans, vice-président de la commission européenne, a par conséquent suggéré, dans un programme télé néerlandais, aux institutions financières d’annuler les prêts aux agriculteurs pour permettre un tournant vers une agriculture la plus durable possible. Les investissements antérieurs dans des pratiques menaçant la biodiversité et le climat n’ont plus aucun sens. « Je dis à Rabobank ce que je dis à toutes les institutions financières : regardez vos comptes. Quels prêts ont encore un avenir ? »
Volkert Engelsman, Directeur Général d’Eosta, a conseillé la commission européenne au nom de l’OPTA, l’organisation européenne du commerce biologique, en début d’année. Il a suggéré la prise de mesures fiscales importantes, en lien avec la comptabilité du coût réel, afin de créer un terrain de jeu nivelé, dans le marché, entre les entreprises qui externalisent leurs coûts sociaux et environnementaux et les entreprises qui travaillent plus durablement. Plusieurs options : des taxes sur les engrais de synthèse, les pesticides et les aliments pour animaux importés ; des réductions de TVA : ou encore un changement fondamental du système fiscal comme le projet Ex’tax.
D’après Volkert Engelsman (et beaucoup d’autres du secteur bio), il n’existe aucune alternative : « la nouvelle norme après le Covid sera le sain, l’équitable et le bio. Là où il y a une volonté, il y a un chemin. »